Alors sans plus attendre la voilà !
Tout n’était que destruction. Les maisons étaient devenues des ruines fumantes. Une odeur de charbon et de chair carbonisée accompagnait ce nuage noir et épais formant une sorte de rideau entourant la ville. On pouvait entendre des cris étouffés dans les quartiers nord là où le conflit semblait avoir commencé. Fanahël arborait cette même expression que celle qu’il avait dans la geôle de Dustia : un air dépité teinté d’une grande tristesse.
Pendant que l’on s’enfonçait de plus en plus dans ce massacre gratuit, il se faisait de plus en plus difficile d’y respirer. Les flammes avaient fini de lécher les dernières poutres des bâtisses, laissant derrière elles des gravats noircis. C’est alors qu’en arrivant à la fin du quartier nord proche du pied du volcan il stoppa la voiture sèchement en descendit et poussa un cri de rage raisonnant dans les ruelles vides. Un grand silence se suivit. Devant nous un tas de chair et d’os rougis par endroit et complètement carbonisé à d’autres nous faisait face. Puis comme si la nature voulait consoler Fanahël, soufflée par le vent une petite poupée de chiffon vint se poser devant lui.
« C’était celle de Lisa, la plus petite de l’orphelinat. Elle n’avait que quatre ans. -sa voix semblait être vide comme son être venait d’être privé d’une grande page de sa vie- Voilà ce que fait l’Empire. Ils brûlent des enfants qui n’ont plus rien sous prétexte qu’ils sont une menace pour eux. Des enfants ! » cria t’il.
Derrière ce massacre, ce que j’imaginais être leur habitation ne ressemblait plus à rien. Tout s’était effondré et seul l’encadrement de la porte se tenait encore fièrement comme pour dire si vous n’avez pas de toit entrez, vous serez les bienvenus. Je marchais alors vers l’entrée avec le sentiment de vouloir trouver n’importe quoi qui pourrait partir avec ces enfants et les accompagner : une photo, une peluche ou un petit jouet. A l’entrée, quelques chaussures mal rangées, enfin ce qui y ressemblait, traînaient puis plus loin une table ronde totalement consumée et écrasée par le toit gisait au sol. Je continuais mon « exploration » lorsqu’au fond de la salle j’entendis des toussotements. Je m’empressai alors d’y aller en criant à Fanahël de venir.
« Bouges-toi ! J’entends quelqu’un tousser ! » Aucune réaction de sa part, il restait à genoux le regard fixant le sol.
Plus je me rapprochais du coin nord-est de la maison les bruits se faisaient plus forts. Mais je ne comprenais pas d’où pouvait venir ce faible signal de vie. Puis, un cri d’effrois étouffé suivi de sanglotements parvenait de sous mes pieds. Le problème était que sous mes pieds il n’y avait que des décombres et je pouvais presque pas voir le plancher. Puis, là où les décombres se faisaient moins nombreux j’entraperçus de grands yeux bleus me fixer puis s’évanouir dans l’obscurité. Je m’empressai alors d’enlever les gravats qui traînaient sur le sol quand je sentis une douleur abdominale, je serrai alors les dents et je poussai de toute mes forces réussissant à bouger à peine les débris. Je m’effondrais alors au sol sentant mes forces me quitter et voyant mon T-shirt se teinté de rouge. Je me disais alors « Oh non pas encore… »